Ce programme explore les effets de la mobilité spatiale sur la reconfiguration des vulnérabilités liées au genre. Il étudie et compare différentes formes de mobilité spatiale (expatriation, migration, changement de résidence, mobilité éducative) afin d'établir leurs liens avec les processus de vulnérabilité. Des ressources peuvent être mobilisées pour faire face aux défis de la mobilité. Elles peuvent être de nature matérielle, relationnelle ou cognitive, ce qui implique la nécessité d'étudier la vulnérabilité par opposition à l'exclusion ou à la précarité sociale.
L'IP6–Genre & mobilité a identifié deux lacunes :
- Clarification de "l'expatriation spontanée " (représentée comme temporaire et réversible) et de la migration " vers l'extérieur " ou migration circulatoire (considérée comme durable et unidirectionnelle).
- Introduction d'une dimension spatiale dans l'analyse des événements critiques, des facteurs de stress chroniques et des mécanismes d'adaptation dans une perspective intersectionnelle.
Questions de recherche
Existe-t-il des modèles de niveau méso de désavantages/avantages cumulatifs liés au genre au cours de la vie?
Les environnements institutionnels de niveau intermédiaire et notamment les cultures professionnelles sont probablement les médiateurs de l'accumulation des désavantages liés au genre et intersectionnels tout au long de la vie adulte. Ce projet explore la pluralité potentielle des normes de genre dans différents contextes professionnels. Les "scripts de genre" décrivent les façons dont les normes et les structures professionnelles (au niveau méso) peuvent influencer des éléments des "régimes de genre" au niveau sociétal. En effet, la notion de "régime de genre" n'est pas assez satisfaisante pour comprendre les expériences des individus qui ne se conforment pas aux normes sociales (p. ex. les mères qui travaillent à plein temps en Suisse, ou les migrants illégaux qui occupent un emploi). Une autre hypothèse est que les milieux professionnels offrent des possibilités inégales aux individus d'adopter des pratiques conformes ou en contradiction avec les fondements normatifs du "régime de genre" de la société suisse. (voir également le projet de recherche DAISIE).
Comment la mobilité transnationale influence-t-elle les effets de débordement entre les domaines de la vie, en particulier lorsque les individus sont confrontés à des normes de genre potentiellement concurrentes à différents moments de leur trajectoire?
Cette question permet d'approfondir l'importance des "compétences de mobilité " ou de la "motilité" pour résister aux processus de vulnérabilité. Cette étude cherche à savoir si l'imprévisibilité et la désynchronisation accrues des parcours de vie genrés sont exacerbées par la mobilité spatiale. Les conflits potentiels entre le niveau sociétal (régime de genre) et le niveau professionnel (script de genre) peuvent révéler le caractère "déroutant" d'un certain nombre d'attentes normatives. On s'intéresse en particulier à la perception qu'ont les hommes et les femmes des frontières entre les domaines de la vie et à la question de savoir s'ils anticipent ou non le transfert de tensions et de ressources d'un domaine à l'autre.
Quelle est l'interrelation entre la mobilité spatiale et l'accumulation, la conversion et la réactivation des réserves à travers le temps, le genre et les générations?
Cette étude examine le rôle de la mobilité spatiale comme source de vulnérabilité, mais aussi comme réserve que les individus peuvent accumuler, stocker et réactiver à des moments particuliers de leur vie. L'hypothèse principale est que la mobilité est un point de départ à partir duquel les parcours de vie des personnes concernées vont progresser dans des directions divergentes selon leurs origines et les ressources accumulées. La composition et la densité des réseaux personnels semblent être particulièrement importantes pour l'intégration sociale des individus mobiles.