Le mouvement des gilets jaunes trouve son origine dans un groupe Facebook créé en janvier 2018. Ce mouvement de protestation s’est avéré important et, à bien des égards, sans précédent : il a émergé d’appels sur internet, sans aucun soutien extérieur. Il a été remarquable par sa durée, son étendue territoriale et son apparition dans des zones urbaines, suburbaines et rurales. Bien que les participant·es soient issu·es de milieux sociaux différents, ils et elles partagent tous le sentiment que leurs conditions de vie se sont dégradées, les plaçant dans une situation de vulnérabilité qu’ils et elles considèrent comme injuste. Tout porte à croire que la grande majorité des jeunes n’a jamais participé à une activité politique, syndicale ou collective, y compris le vote.
D’où notre question : la participation à un large mouvement social a-t-elle une chance de transformer durablement le rapport à la politique et les modes de participation des groupes en retrait ? Et si oui, cela se traduit-il nécessairement par un attrait pour les partis dits populistes et le modèle des démocraties illibérales ?
Les objectifs de cette recherche sont triples :
- étudier les conséquences personnelles de la participation aux Gilets Jaunes ;
- explorer les visions du monde et les positions politiques des groupes dominés dans un contexte de tension socioéconomique ;
- démontrer la valeur ajoutée d’une combinaison innovante d’outils méthodologiques, en particulier les histoires de vie et les calendriers de vie, les données des médias sociaux et l’enquête de terrain.
La recherche est menée dans deux zones contrastées (un quartier semi-rural dans le sud-est de la France ; les banlieues nord et sud de Paris).