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Le coût des dépenses incompressibles accentue les inégalités

23/05/2024

Le coût des dépenses incompressibles accentue les inégalités

Dans le 37e numéro de la revue Social Change in Switzerland, Oliver Hümbelin et ses collègues montrent, sur la base des données fiscales de 3 millions de personnes, que la prise en compte du coût de la vie accentue les inégalités en Suisse. La raison principale en est le coût élevé du logement, des primes d'assurance maladie et des biens de consommation courante, qui pèsent beaucoup plus sur les ménages pauvres que sur les plus aisés.

Les études sur les inégalités économiques se concentrent généralement sur les différences dans la répartition des revenus et de la fortune. Le coût de la vie est alors souvent négligé, bien que le bien-être économique dépende en premier lieu de la capacité de consommation. C'est pourquoi une nouvelle étude examine, sur la base de données fiscales de 3 millions de personnes, comment la répartition des revenus en Suisse évolue lorsque sont pris en compte les dépenses pour les biens de consommation courante, les frais de logement, les primes d'assurance maladie et les impôts directs.

L'étude montre que le décile le plus pauvre de la population utilise 82% du revenu de son ménage pour couvrir les dépenses incompressibles (dépenses courantes, logement, assurance maladie et impôts) – contre 31% pour le décile le plus riche. Les primes d'assurance maladie pèsent particulièrement lourd dans la balance. Alors que le décile le plus riche n'y consacre que 3% du revenu du ménage, le décile le plus pauvre y consacre 21%, dont seul un tiers est compensé par des réductions de primes. 

Par conséquent, si l’on tient compte des dépenses incompressibles, les inégalités des revenus disponibles augmentent considérablement. Ce sont notamment les dépenses pour les biens de consommation courante et le logement qui accentuent les inégalités. Les impôts directs et les réductions de primes ne compensent que très partiellement cette augmentation. Malgré les réductions de primes, les primes d'assurance-maladie aggravent également les inégalités, et ce de plus en plus au fil du temps. Depuis 1997, la prime moyenne d'assurance-maladie a augmenté de 140% en termes réels, alors que l'allègement par les réductions de primes n'a cru que de 41%.

 >> Hümbelin, Oliver, Farys, Rudolf & Jann, Ben (2024). Comment le coût de la vie aggrave les inégalités­. Social Change in Switzerland, N°37, www.socialchangeswitzerland.ch

Contact:

La série Social Change in Switzerland documente, en continu, l’évolution de la structure sociale en Suisse. Elle est éditée conjointement par le Centre de compétences suisse en sciences sociales FORS, le Centre de recherche sur les parcours de vie et les inégalités (Faculté des sciences sociales et politiques, Université de Lausanne) LIVES et LIVES – Le Centre suisse de compétence en recherche sur les parcours de vie et les vulnérabilités. Le but est de retracer le changement de l’emploi, de la famille, des revenus, de la mobilité, du vote ou du genre en Suisse. Basées sur la recherche empirique de pointe, elle s’adresse à un public plus large que les seuls spécialistes.